La situation à Marseille présente une certaine complexité du fait notamment de la présence d’un fort soutien de la communauté juive locale au CRIF, d’une communauté politique menant campagne sur ce point et d’un passé associatif compliqué.
Beaucoup de conseillers municipaux marseillais ou de conseillers régionaux sont élus sur des objectifs clairement sionistes, que ce soit à gauche, tendance PS, ou à droite. Après s’être rendu dans la colonie de Maalé Adoumim, le maire, Jean-Claude-Gaudin a déclaré : "Ne parlons pas de colonies mais de constructions". Nul n’est donc besoin de préciser les difficultés auxquelles nous faisons face sur ce point...
La population maghrébine à Marseille est également très importante. Mais, jusque là, l’association n’a pas lié de contacts particuliers ou mené de projets communs. Nous espérons pouvoir le faire prochainement. Cela dit, la principale association maghrébine à Marseille est particulièrement fondamentaliste sur le plan religieux, ce qui ne facilite pas les actions collectives voire la discussion. Il s’agit toutefois d’une association possédant une forte capacité de mobilisation et d’une assise financière solide.
La ville présente donc une configuration un peu à part. Pour l’anecdote, le film ’Ecrivains des frontières’ n’a pas pu être projeté à Marseille, aucun cinéma n’ayant voulu l’accueillir. Il s’agit sans doute de la seule grande ville française où le documentaire n’a pas trouvé de salle, y compris les ’Arts et essais’...Le film ’Mur’ de Simone Bitton a eu relativement plus de chance, mais, projeté dans une petite salle située en périphérie, bien que peu de gens pourront s’y rendre.
A ces problèmes propres à Marseille, s’ajoute une complexité associative. Il existe un Collectif qui fonctionne très bien et réunit de petites associations qui mènent ponctuellement des projets en Palestine ou encore au Liban. Le collectif n’a pas de statut juridique. Il organise pour l’essentiel les grandes manifestations.
Nous ne disposons pas d’une expérience suffisamment conséquente (deux mois d’existence) pour exposer ici les grandes lignes de notre pratique militante. Nous concentrons pour le moment nos efforts sur l’information (émission de radio hebdomadaire le mercredi de 18h à 19h sur une radio associative, avec invités).
Enfin, le groupe me mandate pour exposer ici cinq demandes de réflexion :
– existe-t-il une commission juridique sur le plan national, ou un groupe de personnes compétentes en droit international, pour étudier les moyens d’utiliser l’avis de la CIJ, comme moyen de pression sur notre propre gouvernement (et non pas seulement sur le gouvernement israélien) ? Et notamment comment pointer les responsabilité de la France et ses accords militaire "illégaux" au regard de l’avis du 9 juillet 2004 ?-Peut-on sur cette même question saisir la cour européenne de justice ? Peut-on saisir la cour européenne ou la cour des comptes afin d’obtenir le dédommagement de la part d’Israël des destructions illégales opérées sur des infrastructures publiques que nous avons financées en Palestine (aéroport de Gaza, par exemple, financé par le contribuable européen) ?
– Palestine 13 souhaiterait recevoir davantage d’informations sur la ou les positions de l’AFPS concernant la politique étrangère française au Proche Orient (vente d’armes à Israël, permissivité par rapport à la tenue de galas en faveur de l’armée israélienne avec notamment un soutien policier important, maintien des accords commerciaux et scientifiques). Palestine 13 souhaiterait s’investir dans un travail de lobbying large auprès des élus politiques (qui ne se limiterait pas au PCF ou à l’extrême gauche) même en dépit des difficultés qui viennent d’être exposées. Comment travailler avec le groupe d’amitié Palestine à l’assemblée nationale ?
– Le groupe mène un débat interne sur la nécessité de favoriser une union des associations qui militent pour la Palestine. Il s’est par exemple étonné de l’implication toute relative de l’AFPS (nationale ou locale) dans la mobilisation contre la tenue du gala en faveur du KKL. La question se pose du fait de la faible information qui nous est parvenue. Enfin, pour conclure, Palestine 13 est tout à fait choquée par les campagnes de presse (le Monde, Libération) qui sont préjudiciables à tout le monde.
– Le groupe voudrait également que la campagne de boycott soit plus systématiquement relancée, en lien avec la campagne contre le mur.
– Enfin, l’AFPS nationale participe-t-elle à la Marche vers Rafah organisée par la Lagna ?
Arianne Monneron